Nous continuons toujours notre réflexion sur la nécessité d'un écosystème entrepreneuriale. Aujourd'hui,nous allons nous intéresser à Israël.
Rappelons d'emblée quelques éléments de comparaison statistiques,Israël est un pays:
- 7,9 millions d'habitants au 1° janvier 2013
- 3,3 % de croissance du produit intérieur brut en 2012 (prévision 2013: 3,8%)
- 6,7 % de taux de chômage en février 2013
- 12,6 % de travailleurs indépendants
- 50602 entreprises créées en 2011
la nation startup
Pour qualifier le dynamisme de l'écosystème entrepreneurial israélien, Saul Singer et Dan Senor ont choisi en 2009 d'intituler leur ouvrage" Israël,la Nation startup". On peut remarquer qu'il ne s'agit pas de la seule expression visant à mettre en évidence cette dynamique puisque d'aucuns parlent également de "Silicon Waddi" (vallée en hébreu). Force est d'ailleurs de constater que cette aura est devenue internationale. Ainsi, de nombreuses multinationales ont choisi ces dernières années de s'implanter dans le pays. Deux villes attirent tout particulièrement les entrepreneurs: Haïfa et Tel-Aviv.
Il existe en Israël une très forte culture entrepreneuriale présente à différente niveaux de la société. Nous illustrerons ce propos par quatre exemples.
Tout d'abord, il faut avoir à l'esprit le rôle de l'enseignement supérieur . L'excellence universitaire israélienne est incarnée par le Technion d’Haïfa, l'institut israélien de technologie, qui constitue le principal réservoir d'ingénieurs du pays. Ce qui participe de la renommé du Technion, ce sont bien entendu la qualité de ses enseignements qui valorisent avant tout la pluridisciplinarité mais également le fait qu'elle assume le rôle de pépinière. Or, l'originalité de cette pépinière c'est qu'elle s'adresse à l'ensemble des membres de la communauté universitaire: élèves et professeurs sont en effet incités à créer leurs entreprises ! Pas étonnant donc que le Technion attire de plus en plus d'étudiants et de professeurs étrangers ! Cet attrait devrait encore être renforcé par la création du "Technion startup MBA" destiné aux étudiants qui veulent lancer leur startup et dont la première session s'ouvrira en octobre prochain.
Autre symbole de l'attractivité entrepreneuriale du pays: le parc technologique "Matam" situé également à Haïfa au nord ouest du pays. Ce parc d'entreprises a su regrouper au sein de son "high center",les grands noms du secteur international des technologies de l'information et de la communication (Google, IBM, Microsoft, Intel,Yahoo, Hewlett-Packard......). le journal israélien "Homodia" nous donne une première explication de l'importance de ses implantions: " le société de développement de Haïfa propose une aide à l'investissement pouvant aller jusqu'à un million de shekels, sur le principe d'un shekel consenti pour un shekel investi. De son côté, l'investisseur s'engage à rester au moins deux années dans le cadre du High Center et cinq ans à Haïfa .
Tl-Aviv , au centre de la côte ouest du pays, constitue le deuxième pole entrepreneurial et technologique du pays. La vitalité entrepreneuriale de cette métropole se manifeste notamment par la multiplication des espaces de travail partagés pour les porteurs de projet à l'image du Campus Tel-aviv inauguré en novembre 2012 et porté par Google. Sa vocation est d'abord d'offrir un lieu de travail aux jeunes créateurs mais surtout de stimuler la créativité entrepreneuriale autour d'échange entre créateurs eux mêmes, de rencontres avec des mentors et de différents événements avec des spécialistes du monde de l'entreprise. Fait novateur : ce" Hub" pour entrepreneurs assumera la fonction d'incubateur grâce au programme " Google Launchpad" qui proposera des sessions d'accompagnement accélérées de deux semaines pour les startups en phase de pré-amorçage.
Enfin,l'un des ressorts de la culture entrepreneuriale en Israël tient à la prépondérance des problématiques de sécurité. D'une part, l'armée entretient des relations étroites avec l’écosystème universitaire et entrepreneurial puisqu'il n'est pas rare que les meilleurs ingénieurs du pays intègrent l'armée et se spécialisent dans des domaines comme la cyber-défense. D'autres part, la durée du conscription (au minimum de 3 ans pour les hommes et de 2 ans pour les femmes) permet a certains jeunes de se découvrir un intérêt pour la recherche en technologie civile.
Un engagement déterminant de l'Etat
L'autre caractéristique du modèle entrepreneurial israélien que nous valoriserons ici est lié au rôle assumé par l’État. Dans son étude économique de décembre 2011, l'OCDE rappelle que "les programmes de soutien ciblés tels que ceux relatifs aux investissements de création et aux petites et moyennes entreprises sont fortement orientés vers le secteur des hautes technologies et les activités de recherche, et cela a indéniablement contribué à doter Israël des atouts largement reconnus dont il dispose dans ces domaines".
L'Etat israélien consacre ainsi 6% de son produit intérieur brut au secteur de la recherche et développement. Ce rôle prédominant de la recherche est illustré par le travail de la "Israël science fondation" dont le budget a été doublé depuis 2009. Résultat: Israël est le pays qui affiche le plus fort taux d’ingénieurs par habitant.
La politique étatique israélienne de soutien à la création d'entreprises est particulièrement structurée. Ainsi,plusieurs organisations rattachées ou liée financièrement au MOITAL ( Ministry of industry,Trade and labor; Ministère de l'industrie,du commerce et du travail) jouent un rôle décisif:
- "L'Ofice of the chief scientist" (OCS) constitue le bras armé du gouvernement en terme de soutien opérationnel et financier à la recherche civile. Le programme emblématique de son action est celui des incubateurs lancés en 1991. A l'époque, 24 incubateurs technologiques furent crées afin de diffuser cette culture entrepreneuriale notamment dans les universités comme nous l'avons vu précédemment .Aujourd'hui,ces incubateurs, au nombre de 26,sont devenus privés (ils appartiennent à des sociétés de capital ou des groupes industriels). Grâce à ce programme,"l'Etat finance les startups accueillies pendant deux ans, jusqu'au premier tour de table financier (validation de concept et prototypage) dans le cadre d'un cofinancement avec l'incubateur qui est en général coactionnaire de l'entreprises incubée dans ses premiers mois. Environ 80 nouvelles startups sont créées chaque année via ce programme; 90% d'entre elles vont au terme de l'incubation". Ce qui peur retenir l'attention, c'est que "la subvention du gouvernement a vocation à être remboursée par les royalties générées par les projets qui réussissent (de l'ordre de 3% du montant des ventes)".
- L'agence des petites et moyennes. Cette entité a pour mission d'animer un certain nombre de programmes de soutien à la création d'entreprises. Nous mentionnerons le programme destiné aux entrepreneurs en recherche d'emplois ou issus des minorités. Il consiste principalement en le suivi de plusieurs sessions de formation visant à la préparation et à l'accompagnement du projet entrepreneurial.
- Le "MATI",centre de développement de l'entrepreneuriat. Il s'agit d'un réseau de 25 espaces de conseil, d'orientation et de formation à la création d'entreprises à travers le pays. Il permet aux porteurs de projets de recevoir une aide relative au montage de leur projet (construction du business plan, recherche de financements) ainsi qu'au développement de leur activité (formation en management, en gestion financière...
Les différents exemples mis en évidence dans cette synthèse nous auront permis de constater que cette "Nation startup" est d'abord le résultat d'un état d'esprit qui valorise à de nombreux égards la prise de risque et d'innovation entrepreneuriale, que l'on appelle couramment la "houtspa"(que l'on peut traduire par "culot" "audace") en Israël.
La part de l'apport public dans cette réussite apparaît décisive puisque l' état israélien a choisi de concentrer ses moyens sur les premières phases de développement des projets entrepreneuriaux innovants tout en préservant une politique d'accompagnement des populations les plus éloignées de l'emploi.
Source: article extrait de la revue de prospective APCE
www.apce.com
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