mardi 28 janvier 2014

modèle entrepreneurial allemand

Azul,

Après la Suède, intéressons nous à l'Allemagne.
 L'Allemagne est considérée  comme la locomotive de l'économie européenne,mais quel est exactement son modèle entrepreneurial ? Sur quoi s'appuie t'il ? Quels sont ses qualités ?  Est il transposable ?....


Souvent présentée comme la locomotive de l'Europe,l'Allemagne est avant tout sur le plan économique le pays du "made in Germany".  Inventé il y a plus d'un siècle dans un premier temps dans un but protectionniste, ce label est peu à peu devenu sur le plan international le symbole et la garantie d'un certain savoir faire. Si le " made in Germany" est une des caractéristiques fortes de "l’entreprise à l'allemande", elle n'est pas la seule comme nous allons le voir. Faut il pour étant parler de modèle, terme qui revient de manière récurrente? Quelles sont les différences principales avec la France en matière d'entrepreneuriat ?Quels rôles l’État fédéral et les lânder assument ils?

Les PME,colonne vertébrale de l'économie mondiale.

Depuis la naissance de la république fédérale  en 1949? L’Allemagne a choisi de faire de ses PME, la pierre angulaire de son économie. On peur ainsi lire sur le site du ministère fédéral de l'économie et de la technologie (BMWi) que " les petites et moyennes entreprises sont le cœur de l'économie sociale de marché et le moteur pour la croissance de l’emploi en Allemagne". Les faits confirment cette assertion puisque les PME Allemandes représentent 99,3% du parc d'entreprises et 60,9 % des emplois. La différence avec la france se situe donc d'abord au niveau de la taille des PME,qui emploient en moyenne plus de salariés: environ 22% des nouvelles entreprises allemandes créées avec au moins un salarié contre 5,7% des françaises. Dès lors, les entreprises de moins de 10 salariés sont structurellement moins nombreuses qu'en France: elles forment 80,9% du parc d'entreprises allemandes contre 94,3% en France. Cependant si les PME sont incontestablement une valeur sûre de l’économie allemande, ce n'est pas la seule. On estime que le nombre d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) est prés de trois fois supérieur de l'autre côté du Rhin (12500 contre 4600).

Souvent employé comme synonyme de PME, le terme de "Mittelstand" qui signifie littéralement"classe moyenne", est régulièrement utilisé pour qualifier l’écosystème entrepreneurial allemand. Il est intéressant de noter qu'il s'agit non pas d'une notion statistique mais économique et culturelle. Pour l'institut de recherche sur le " Mittelstand" de Bonn, ce sont d'abord des entreprises familiales réalisant jusqu’à 50 millions d'euros de chiffres d'affaires et ayant moins de 500 salariés. Il s'agit donc à la fois de PME et d'ETI dirigées ou contrôlées par la famille fondatrice, qui se caractérise également le plus souvent par une activité industrielle spécialisée et une ouverture à l'international. Ces deux dernières dimensions constituants les piliers de l'économie allemande:
-L'industrie représente 24% du produit intérieur brut(PIB)allemand (11% en France).
-Les exportations pèsent pour prés de 40% du PIB.
Conséquence: l'Allemagne est étroitement dépendante de la vigueur de la demande extérieur et de l’approvisionnement en matières premières: les résultats du commerce extérieur allemand représente un baromètre déterminant de la bonne santé économique du pays.

fait notable: les meilleures performances à l'export sont le plus souvent réalisées par ce qu'Hermann Simon appelle des "champions cachés"(Hidden champions) c'est à dire des entreprises dont la notoriété publique est assez limitée mais qui sont pourtant des leaders mondiaux sur leurs marchés. Une source de l'Ambassade de France en Allemagne nous rappelle que les entreprises allemandes exportatrices sont prés de 400 000 (contre moins de 100 000 en France). Ces entreprises portent et s'appuient sur le "made in Germany", synonyme à l'export de qualité et de fiabilité.

Aux sources du "capitalisme rhénan"

L'un des facteurs déterminants de ce que l'on a coutume d'appeler le "capitalisme rhénan" tient en la nature même de l'organisation politique du pays: un Etat fédéral et décentralisé. Forte de ses 16 lânders , l'Allemagne peut s'appuyer sur une répartition des rôles précises en matière économique: à l'Etat fédéral d'assurer les conditions générales favorables au développement de l'économie ( "Rahmenbedingungen"), aux lânders d'assumer une compétence économique forte en s'appropriant la politique fédérale afin de l'adapter aux caractéristiques de son tissu local. L'Etat doit donc veiller à maintenir un climat des affaires stables tandis que le land oriente les programmes fédéraux vers les secteurs qu'il juge prioritaires. Il peut pour cela s'appuyer sur un solide réseau de banques publiques et d'entités de capital-risque régionales. D'ailleurs,ces dernières sont elles mêmes appuyées par le land via une banque de garantie ad hoc. A l'échelle nationale,une banque publique fédérale peut intervenir en cas de besoin(la KfW).

Mais l'acteur clé de la chaîne de financement des entreprises allemandes est la "Hausbank" banque"maison".
Un lien de proximité et de confiance est le plus souvent établi entre l'entreprise et une caisse d'épargne ou banque mutualiste locale qui l'orientera en fonction de ses besoins vers les différentes solutions de financement ( crédit,garantie....) . Elle lui permettra également le cas échéant de se rapprocher plus facilement des structures régionales ou fédérales. Toutefois,ce qui est remarquable dans la situation financière des entreprises allemandes,c'est l'importance de leurs ressources propres. Le taux d'autofinancement est ainsi plus de 100% (108% au 1er trimestre 2012 contre 67% en France). Résultat: l'endettement des entreprises allemandes s’élève à 77% du PIB (103% pour les entreprises françaises).

L'innovation joue incontestablement un rôle décisif dans la dynamique des entreprises allemandes. Le gouvernement fédéral et la Kfw ne s'y sont pas trompés et soutiennent via un large éventail de dispositifs la création d'entreprises innovantes ( concours,financements et programmes) A titre d'illustration,nous pouvons citer le programme "ERP-Startfonds" de la Kfw qui ,sous forme d'un investissement public-privé (capital-risque,business angel,entreprise) cible les entreprises technologiques innovantes de moins de six ans et de 50 salariés.

Au delà des dimensions politiques et financières,ce qui fonde l’écosystème entrepreneurial allemand est à placer dans le champs de l’immatériel,du capital culturel. Ainsi,comme le rappelle isabelle Bourgeois dans son ouvrage "PME allemandes ,les clés de la performance","impossible à quantifier,la notion de Mittelstand se résume dés lors à un système de valeurs particulièrement vivace,et dont les petites et moyennes entreprises sont le porteur par excellence: autonomie entrepreneuriale, sens des responsabilités individuelles et collectives, goût de la performance, amour du travail bien fait, respect de la parole donnée, engagement dans le présent et l'avenir". C'est donc bien a travers le prisme des valeurs entrepreneuriales que doit être interprétée l'expression de "modèle allemand".

en définitive,il semble difficile et pas nécessairement souhaitable de reproduire un "modèle" qui prend ses racines dans l'histoire économico-culturelle d'un pays. Il n'en reste pas moins utile d'en retirer les meilleurs pratiques,au premier rang desquelles,la croyance partagée en la place prépondérante de l'entreprise dans la société...

Source: article extrait de la revue de prospective APCE

www.apce.com

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,je viens de découvrir le blog sur l'entrepreneuriat en Kabylie,cela nous change des site sur l'histoire,la musique et la culture. C'est vrai,nous avons besoin de business pour développer la Kabylie et fixer les jeunes. Je vis en Allemagne,la réussite allemande tient a un ensemble de facteurs: 99% des entreprises sont des PME,dont 95% sont familiales. Les entreprises sont très spécialisées avec une qualité irréprochable. Elles sont tournées vers l'exportation,le capital est majoritairement familial et une politique très tournée vers les jeunes. En Allemagne,il y'a 1,5 million d'apprentis . Bonne continuation,mohand de Hambourg.

Anonyme a dit…

Bonjour, l'Allemagne a une image de marque forte,plus forte que la France,marque associée à la rigueur et à la qualité,c'est leur force.Bonne continuation,arezki