Azul,
Dans un contexte économique mondial très concurrentiel,l'innovation est devenue un élément central dans la politique économique car elle est moteur de croissance et de création d'emplois.
De par le monde,de nombreuses initiatives publiques et privées ont déjà été prises,des lieux de réflexions,de création,d'échange et de transfert ont été mises en place pour favoriser l'émergence de nouveaux produits,de nouvelles technologies,de nouveaux services. .
En ce début d'année 2014, je souhaite proposer à votre réflexion un ensemble d'articles qui peuvent nous aider à enrichir notre réflexion sur l'entrepreneuriat en Kabylie.
"La Suède,prix Nobel de l'innovation entrepreneuriale"
La Suède (10 millions d'habitants approximativement en 2013) est un grand pays d'inventeurs (A.Nobel, A.Celsius, C W Scheele....) et un pays comptant des grands groupes de réputation mondiale: Volvo,Scania,, H&M, Ericsson, Ikea, Sécuritas....
Comment les suédois sont ils parvenus à passer du stade de l'invention à celui de l'innovation pour créer des grands entreprises ? Quelle est leur politique entrepreneuriale ? Sur quels vecteurs de diffusion s'appuient ils ? Peut on s'inspirer de leurs expériences ?
les réponses sont dans cet article:
"La Suède, prix Nobel de l'innovation entrepreneuriale"
Le tableau de bord de l'innovation 2013 de la commission européenne classe la Suède au premier rang des pays européens. Elle est accompagnée dans le peloton de tête des autres pays"leaders" en la matière par l'Allemagne, le Danemark et la Finlande ( la France est classée parmi les pays "suiveurs" au 11° rang ). Pas étonnant pour un pays qui a notamment vu naître sur son territoire ces dix dernières années, le téléphone gratuit par internet avec Skype, la musique en ligne avec Spotify ou les interfaces micro IP qui permettent aux objets de communiquer entre eux.
Dans la pratique, la réussite suédoise en matière d'innovation est d'abord le résultat d'un choix stratégique: favoriser une collaboration étroite, entre le monde universitaire et de la recherche, celui des entreprises et des pouvoirs publics. C'est ce qu'on appelle le modèle de la "triple hélice"(1). Expérimenté à partir du début des années 80, il porte aujourd'hui pleinement ses fruits. Pour illustrer ce propos, prenons l'exemple du parc scientifique de Jönköping ( à 300 km de Stockholm).
Ce parc regroupe depuis 2002, un" Business lab",une pépinière d'entreprises et des bureaux pour les entreprises souhaitant s'installer prés de l'université de Jönköping. Cet écosystème entrepreneuriale à part entière mise sur la complémentarité des services offerts: le Business lab est principalement destiné aux étudiants,diplômés et personnels de l'université qui souhaitent travailler sur leur idée d'affaires sur une durée de six mois (coaching par de jeunes diplômés de l'université,travail en équipe et à la carte en fonction de l'état d’avancement des projets). La pépinière est quant à elle ouverte ( pour 1500 couronnes par mois,moins de 200 euros) à 15 entreprises en phase de croissance qui sont encadrées par un développeur d'affaires personnel pendant deux à trois ans ( coaching individualisé,accès à des experts du droit,de la fiscalité,du marketing.
L’écosystème, le parc scientifique en collaboration avec plusieurs entités territoriales, a créé un site internet destiné à identifier les sources de financements possibles sur le plan locale et ce en fonction du stade de développement de l'entreprise ( idée,démarrage,développement,croissance). Quant aux étudiants de la jönköping international business school, ils tirent profit de ce creuset d'initiatives entrepreneuriales grâce aux retours d'expérience et à l'expertise des employés du parc scientifique qui participent à leurs cours. L'ensemble bénéficie d'un large soutien financier: de la municipalité locale, de l'université , de Vinnova (agence gouvernementale suédoise pour l'innovation), de la collectivité régionale et de l'union européenne. Le parc revendique aujourd'hui d'avoir contribué à la création de plus de 900 entreprises.
Jönköping n'est qu'un exemple parmi d'autres de ce modèle collaboratif qui a permis l'émergence et le développement de grandes entreprises suédoises mondialement connues. Aujourd'hui, les dix premiers groupes nationaux tirent la croissance suédoise en réalisant près d'un tiers des exportations du pays! ce modèle a également a également permis le développent de TPE-PME dans les domaines très spécialisés comme ceux de l'imagerie médicale ou de la micro-électronique. Certains observateurs considèrent d'ailleurs que l'essor de ces TPE-PME est plus la conséquence de leur dépendance à l'égard des grands groupes que d'une véritable politique ciblée en leur faveur. Il s'agit là sans doute d'un enjeu primordial pour l’écosystème suédois de demain: développer les entreprises de moins de 500 salariés afin de réduire la dépendance de son économie envers les grandes entreprises.
Un pays qui misent sur le mentorat
En 2006, le gouvernement suédois a lancé un programme intitulé "Mentor your business".
Il en a confié la mise en oeuvre à deux entités: "Almi Företagspartner"(agence pour le développement commercial et stratégique des entreprises) et "jobs and society" ( fondation présente dans 200 municipalités suédoises grâce à ses agences locales et qui conseillent plus de 10000 porteurs de projets chaque année ). Largement inspiré du dispositif américain "score" (services corps of retired experts). Il vise à accompagner en priorité les entrepreneurs qui n'ont pas les moyens financiers de bénéficier d'un soutien professionnel. Les deux entités qui participent au programme se partagent ensuite les rôles: " job and society" aident les porteurs de projets prêts a démarrer leur activité tandis qu' " Almi" misent sur les entreprises à potentiel de croissance,notamment à l'international. La participation financière demandée aux mentorés est proportionnelle à la taille de leur entreprise (entre 100 et 200 euros). Une dizaine de rencontres mentor-mentoré ont lieu dans l'année, des événements de networking sont organisés et des experts du mentorat des deux organisations peuvent aussi intervenir. Depuis 2010,les entrepreneurs d'origine étrangère ont accès à un programme de mentorat particulier. Mentor your business poursuit sa montée en puissance depuis sa création il y'a sept ans en permettant d'accompagner plus de 1000 entrepreneurs chaque année et en étant communément reconnu comme la principale réussite suédoise en la matière.
Ce programme de mentorat illustre d'ailleurs la stratégie suédoise en matière de soutien public à l'entrepreneuriat puisque le gouvernement en délègue très largement la responsabilité à des agences publiques.
L'école comme berceau de l'esprit entrepreneurial
La diffusion de l'esprit de l'entreprise chez les jeunes est en Suède un enjeu national. Elle mobilise les grandes institutions du pays qui unissent leurs moyens afin de renforcer la place de l'école, pilier du modèle Suédois et régulièrement citée en exemple sur le plan international.
Plusieurs initiatives peuvent retenir notre attention. La première d'entre elles est menée par l'association des jeunes entrepreneurs "Ungföretagsamhet" avec le soutien d'acteurs de premier plan de la vie économique et politique suédoise tels que Volvo, Swedbank, la Confédération suédoise des entreprises et un journal national. Elle offre la possibilité aux collégiens et lycéens de suivre un programme de gestion de leur propre entreprise sur le temps scolaire et dans le cadre de leur cursus. Plus de 20 000 élèves bénéficient aujourd'hui de ce programme,dont environ un quart d'entre eux deviendront des créateurs d'entreprises selon les derniers recensements.
La diffusion de l'esprit d'entreprise passe aussi par des méthodes pédagogiques innovantes. C'est l'ambition depuis plus de 30 ans de "Fin upp" (inventer) portée par une association d'ingénieurs. Son principe est simple: demander à chaque élève de collège d'identifier un problème rencontré personnellement et lui demander de trouver un moyen inventif de le résoudre! Cette méthode mobilise l'ensemble des matières et savoirs enseignés à l’école et pousse chacun des élèves à faire preuve à la fois de rigueur et de créativité afin de respecter les différentes étapes identifiées dans le processus d'invention: l'idée, le design et la réalisation. Tous les trois ans "Fin upp" organise un concours national afin de récompenser les "inventeurs" les plus talentueux.
Le programme "Snilleblixtama" "coup de génie" vient compléter cette palette de dispositifs. Son but est de mettre à disposition des enseignants du primaire un ensemble d'outils pédagogiques destinés à stimuler l'intérêt des élèves (dés la maternelle) pour les nouvelles technologies,les sciences de la nature et l'entrepreneuriat.
Résultat,la Suède se distingue quant au niveau de diplôme de ses créateurs d'entreprises puisqu'on estime à seulement environ 11% la proportion des créateurs n'ayant pas atteint le niveau du baccalauréat.
Fortes de ces réussites, les autorités suédoises ont décidé d'accentuer leurs efforts en faveur de la transmission de l'esprit d'entreprise envers les publics sortis du cadre scolaire. L'agence pour le développement commercial et stratégique des entreprises a donc développé sur internet "une école de l'entrepreneuriat"(Foretagarskolan). Il s'agit d'un programme d'accompagnement en ligne,allant de la préparation à la création jusqu'au développement de l'entreprise. Il est constitué d'un ensemble de ressources (documents types,conseils,outils..)
A travers ces différents exemples de réussites suédoises en matière d'entrepreneuriat, force est de constater que l'on peut distinguer au moins deux ingrédients indispensables au succès de toute politique publique de soutien à la création d'entreprises: la créativité et l'innovation.
Source: article extrait de la revue de prospective de l'A.P.C.E.
www.apce.com
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